dimanche 12 janvier 2014

La malédiction de naître fille



Ce que j'ai appris de plus "énaurme" en 2013 ! par M. H-S :

Article de Macha Séry (Le  Monde Dimanche 6 et Lundi 7 octobre 2013)

Ce devrait être une scène de liesse, un moment de bonheur, la mise au monde d’un enfant. Dans une clinique de la banlieue de Delhi en Inde, une femme accouche, et c'est la consternation : le nourrisson est une fille. Le visage de la jeune mère se ferme. « C'est dans la nature humaine de préférer les garçons, explique la sage-femme. Ce n'est pas comme ça chez vous ?››
Dans La Malédiction de naître fille, un documentaire récompensé, en 2006 par le prix Albert-Londres, Manon Loizeau et Alexis Marant ont enquêté sur une hémorragie d'un nouveau genre, une discrimination si violente qu'elle conduit à une sélection non naturelle, pis, au meurtre. Aujourd'hui, cent millions de femmes manqueraient en Asie, faute d'être nées ou pour avoir été tuées à la naissance. L`infanticide s'opère dans le secret des foyers, dicté par la misère, les croyances religieuses et la misogynie. Dans le sud de l'Inde, une femme qui ne condamne pas sa fille à mourir est bannie de la communauté villageoise. C'est ce drame que décrit ce film sur les « disparues », qui seront peut-être deux cents millions d'ici vingt-cinq ans, selon des projections alarmantes de l'ONU et de l'UNICEF.

DOULEURS ENFOUIES
En cinq semaines de tournage - trois en Inde, une au Pakistan et une en Chine -, les auteurs ont relevé cette gageure : filmer l'invisible. Afin de rendre palpable ce phénomène massif des «missing women ››. Les deux journalistes sont passés dans des dizaines de villages peuplés majoritairement de garçons et d'hommes. Comme si, sur la photo de famille, les filles avaient été exclues. Il a fallu un long travail d'approche, avec l'aide d'interprètes et d'ONG spécialisées, pour que les femmes acceptent de se confier. La difficulté étant de faire surgir les douleurs enfouies. Comme celle de cette mère de deux filles qui raconte la façon dont elle a empoisonné, avec du jus de tabac, sa troisième, née il y a dix ans. L’astrologue de son village avait dit que son mari mourrait si le bébé restait en vie.
En Inde, cette pratique interdite depuis 1960 continue de prospérer sur le terreau des superstitions et des traditions hindouistes. Cette attitude de rejet est aggravée par la persistance du système de dot, tandis qu'en Chine, pays de l'enfant unique, le garçon est le seul héritier des biens. A défaut, ceux-ci reviennent au cousin.
Bien que condamnée par la religion musulmane, la pratique d'élimination des petites filles s'est intensifiée au Pakistan avec la paupérisation. En vingt ans, la Fondation Edhi a retrouvé, dans les fossés et décharges des villes, quantité de cadavres de nourrissons et recueilli 30 000 fillettes abandonnées. Comme cette gamine d'un an, découverte affamée, un soir, dans le buisson d'un parc. Une des séquences les plus dramatiques de ce documentaire, qui livre des chiffres accablants, car la sélection s'accroît par l'accès généralisé aux échographies. 80 % des six millions d'avortements pratiqués en Inde chaque année seraient motivés par des grossesses de filles, un marché très lucratif pour les médecins.

DOCUMENTAIRE : La malédiction de naître fille  de Manon Loizeau et Alexis Marant (France. 2006, 52 min).

Compléments (par JG)
Ce documentaire est disponible en visionnage gratuit sur dailymotion http://www.dailymotion.com/video/xjrz3_un-genocide-silencieux_news
Ou en téléchargement payant :
http://boutique.arte.tv/f1331-maledictiondenaitrefille

Articles 
en français http://labcitoyen.maisondesculturesdumonde.org/la-malediction-de-naitre-fille-en-inde/
en anglais http://vedicviews-worldnews.blogspot.fr/2011/05/millions-of-indian-baby-girls-aborted.html



1 commentaire:

  1. Merci JG pour tes ajouts je vais de ce pas voir le documentaire.
    CT

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