Ce que j'ai appris de plus "énaurme" en 2013 ! par M. H-S :
Article de Macha Séry (Le Monde
Dimanche 6 et Lundi 7 octobre 2013)
Ce devrait être une scène de liesse, un moment de bonheur,
la mise au monde d’un enfant. Dans une clinique de la banlieue de Delhi en Inde, une femme accouche, et c'est la consternation : le nourrisson est une
fille. Le visage de la jeune mère se ferme. « C'est dans la nature humaine de préférer les garçons, explique la
sage-femme. Ce n'est pas comme ça chez
vous ?››
Dans La Malédiction de
naître fille, un documentaire récompensé, en 2006 par le prix
Albert-Londres, Manon Loizeau et Alexis Marant ont enquêté sur une hémorragie
d'un nouveau genre, une discrimination si violente qu'elle conduit à une
sélection non naturelle, pis, au meurtre. Aujourd'hui, cent millions de femmes
manqueraient en Asie, faute d'être nées ou pour avoir été tuées à la naissance.
L`infanticide s'opère dans le secret des foyers, dicté par la misère, les croyances
religieuses et la misogynie. Dans le sud de l'Inde, une femme qui ne condamne
pas sa fille à mourir est bannie de la communauté villageoise. C'est ce drame
que décrit ce film sur les « disparues », qui seront peut-être deux
cents millions d'ici vingt-cinq ans, selon des projections alarmantes de l'ONU et de l'UNICEF.
DOULEURS ENFOUIES
En cinq semaines de tournage - trois en Inde, une au Pakistan
et une en Chine -, les auteurs ont relevé cette gageure : filmer l'invisible.
Afin de rendre palpable ce phénomène massif des «missing women ››. Les deux
journalistes sont passés dans des dizaines de villages peuplés majoritairement
de garçons et d'hommes. Comme si, sur la photo de famille, les filles avaient
été exclues. Il a fallu un long travail d'approche, avec l'aide d'interprètes
et d'ONG spécialisées, pour que les femmes acceptent de se confier. La difficulté
étant de faire surgir les douleurs enfouies. Comme celle de cette mère de deux filles
qui raconte la façon dont elle a empoisonné, avec du jus de tabac, sa
troisième, née il y a dix ans. L’astrologue de son village avait dit que son
mari mourrait si le bébé restait en vie.
En Inde, cette pratique interdite depuis 1960 continue de prospérer
sur le terreau des superstitions et des traditions hindouistes. Cette attitude
de rejet est aggravée par la persistance du système de dot, tandis qu'en Chine,
pays de l'enfant unique, le garçon est le seul héritier des biens. A défaut, ceux-ci
reviennent au cousin.
Bien que condamnée par la religion musulmane, la pratique
d'élimination des petites filles s'est intensifiée au Pakistan avec la
paupérisation. En vingt ans, la Fondation Edhi a retrouvé, dans les fossés et
décharges des villes, quantité de cadavres de nourrissons et recueilli 30 000
fillettes abandonnées. Comme cette gamine d'un an, découverte affamée, un soir,
dans le buisson d'un parc. Une des séquences les plus dramatiques de ce
documentaire, qui livre des chiffres accablants, car la sélection s'accroît par
l'accès généralisé aux échographies. 80 % des six millions d'avortements pratiqués
en Inde chaque année seraient motivés par des grossesses de filles, un marché
très lucratif pour les médecins.
Compléments (par JG)
Ce documentaire est disponible en visionnage gratuit sur dailymotion http://www.dailymotion.com/video/xjrz3_un-genocide-silencieux_news
Ou en téléchargement payant :
http://boutique.arte.tv/f1331-maledictiondenaitrefille
Articles
en français http://labcitoyen.maisondesculturesdumonde.org/la-malediction-de-naitre-fille-en-inde/
en anglais http://vedicviews-worldnews.blogspot.fr/2011/05/millions-of-indian-baby-girls-aborted.html
Merci JG pour tes ajouts je vais de ce pas voir le documentaire.
RépondreSupprimerCT