J’ai pris connaissance de la
présence des jeunes afghans hébergés chez Adoma par un courriel de Jacqueline
G., qui sollicitait des actions bénévoles pour les aider.
J’ai réfléchi quelques jours
avant de comprendre que je pouvais, peut-être, aider en donnant de ce que je
suis : une personne, un être humain.
J’ai donc proposé de la
présence, de l’écoute, (j’ai remercié mon père pour m’avoir proposé, à l’âge de
18 ans, un séjour en Angleterre en tant que fille au pair car c’est là que j’ai
appris la langue anglaise).
Notre première rencontre,
avec la présence de Jacqueline, a été très émouvante pour moi. Il y avait une
vingtaine de jeunes hommes, d’âge différent, qui ne parlaient que leur langue,
avec juste quelques mots de français, et pour certains aussi l’anglais. Nous
avons donc pu nous comprendre et commencer à échanger.
Je les regardais, l’un après
l’autre, je regardais leurs yeux, bruns et profonds, et je me disais que ces
yeux-là avaient peut-être vu la mort d’un membre de leur famille. Ces yeux-là
qui ont vu les explosions, les souffrances, la douleur...
Un jeune homme afghan est
venu aussi ; il vit en France depuis quelque temps, il a été notre
interprète.
Avant tout je leur ai dit que
me souvenir de tous leurs prénoms allait être une grande aventure : des
prénoms avec des sonorités très différentes des langues que nous connaissons en
Europe. J’ai demandé si j’avais leur permission pour les appeler « mon
frère ». La réponse a été unanime, et les yeux de plusieurs d’entre eux
ont brillé de ce que j’ai pensé être de la joie.
Cela a été facile d’instaurer
ce lien et de me sentir comme si je les connaissais depuis toujours, comme
s’ils revenaient dans ma vie après un long voyage, une sensation bizarre, mais
très puissante.
J’ai ensuite tenu à les
rassurer car même si nous parlions des langues différentes, lorsque je leur
parlerai à partir de mon cœur, et j’ai mis ma main sur mon cœur, ils allaient
comprendre. Ils ont souri et ils étaient d’accord.
Enfin j’ai proposé d’être
avec eux pour des moments de détente qui pourraient se passer soit dans le
silence et assis, soit avec de la musique et de la danse, ou bien encore dans
les mouvements classiques d’une séance de yoga.
La première séance, tous
assis en cercle, a été une grande rigolade. Nous avions du mal, moi comprise, à
être silencieux, les yeux fermés, pour écouter tranquillement la musique. Le
rire était plus fort que nous : plus nous essayions d’être sérieux et plus
les éclats de rire illuminaient la pièce. Une légèreté comme lorsque j’étais
gamine et que je jouais avec mes copains et mes copines !
A la fin, sans même nous en
rendre compte, nous étions apaisés, si bien que le silence et la détente ont
régné pendant une bonne trentaine de minutes. Ils n’en revenaient pas, et moi
non plus !
Dans le partage qui a suivi,
ils ont parlé de la « douceur » de l’expérience et du fait qu’ils ont
eu la possibilité de « voyager » en esprit et ainsi
« rejoindre » leur pays et leur famille. Et moi j’étais très touchée !
La deuxième séance, une
semaine après, a été dédiée à la danse-détente. Et là encore, dans la surprise,
ils rigolaient franchement tout en se corrigeant l’un l’autre pour les pas de
danse.
Akila, l’assistante sociale
qui s’occupe d’eux, était présente, et je crois qu’elle a souri aussi en voyant
les efforts qu’ils faisaient pour suivre au mieux les mouvements.
A la fin ils se sont allongés
pour se reposer et se détendre.
Dans le partage qui a suivi,
le calme et la paix étaient les sensations le plus souvent exprimées. Et ils
ont encore aimé pouvoir retourner en esprit « voir » leur pays et
leurs proches.
J’ai été sollicitée pour
retourner avec eux la semaine prochaine et c’est ce que je ferai : dans
ces rencontres j’espère qu’ils pourront être un peu être soulagés de la peine
d’avoir dû quitter leur pays et leurs familles. Moi j’y retrouve la joie, la
rigolade, l’envie de partage qui sont les moteurs les plus importants dans ma
vie. Merci !
Maria Nieddu.
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